Qui combat la violence au Moyen a70

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Moyen-Orient

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Date de mise en ligne : jeudi 5 décembre 2002

Description :

Presque chaque jour qui passe amène son nouveau lot de tueries et d'attaques contre des personnes de toutes les origines au Moyen-Orient. Au point où beaucoup de gens adopte une attitude presque fataliste, cynique, « ces gens se battront encore dans 2000 ans » dit-on souvent.

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Qui combat la violence au Moyen-Orient ?

Presque chaque jour qui passe amène son nouveau lot de tueries et d'attaques contre des personnes de toutes les origines au Moyen-Orient. Au point où beaucoup de gens adopte une attitude presque fataliste, cynique, « ces gens se battront encore dans 2000 ans » dit-on souvent.

Certes il est décourageant de constater comment sont niés les espoirs de paix portés par ce qui est encore la majorité des peuples dans cette région du monde. Mais cela ne se justifie pas vraiment. Après tout, des pays qu'on disait « condamnés » à se faire la guerre comme la France et l'Allemagne ont fini par s'entendre sur l'essentiel. Des populations déchirées comme la majorité noire et la minorité blanche en Afrique du Sud ont fini par accepter un compromis acceptable. Aucune logique « essentialiste » ou « culturaliste » ne permet de comprendre vraiment les causes multiples et complexes des conflits en cours.

La violence du désespoir

De plus en plus se développe une violence qu'on pourrait appeler la violence du désespoir, et qui vient de populations ou de secteurs de la population qui se sentent totalement délaissés, dans un trou noir. Il faut comprendre par exemple (ce qui n'est pas justifier) la psychologie d'un jeune réfugié à Gaza, terre ingrate s'il en est une. Tout est bouché, bouclé, écrasé, face à une occupation cruelle qui n'en finit plus, face à une administration corrompue, face à une société israélienne qui rêve de - ce sont les mots de plusieurs leaders israéliens- de « jeter Gaza à la mer ». Chaque jour, cette génération sans avenir est une proie facile pour les démagogues et les fanatiques qui portent, sans nul doute, une grande responsabilité dans la tragédie actuelle. Il y a quelques mois, dans l'indifférence à peu près générale, des intellectuels palestiniens ont dénoncé les attentats-suicide perpétrés par de jeunes kamikazes téléguidés par des organisations aussi peu sympathiques que Hamas ou le Jihad. En plus de risquer leur vie parce qu'ils osaient critiquer ces mouvements violents, ces intellectuels ont été doublement pénalisés puisque dans une large mesure, leur appel n'a pas été entendu. La plupart des médias occidentaux et certains gouvernements continuent en effet de mettre tous les Palestiniens dans le même sac. Certes comme le rappelaient ces intellectuels palestiniens, rien ne sert de chasser les terroristes, qui continueront de se reproduire inexorablement dans les camps de réfugiés et les bidonvilles du Moyen-Orient. Il faut plutôt chercher, expliquaient-ils à trouver des solutions réelles aux problèmes, à commencer par remettre le processus de paix sur ses rails.

Quand les victimes deviennent des bourreaux

Le terrorisme qui frappe des victimes israéliennes est le miroir de la

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Qui combat la violence au Moyen-Orient ? violence systémique qui affecte les populations palestiniennes. Le nombre des victimes directes est là pour le prouver, comme ces malheureux et ces malheureuses qui ont la malchance de recevoir des obus et des missiles. Quand ce ne sont pas de jeunes enfants, « coupables » d'avoir lancé des pierres. À cette violence directe s'ajoute celle, plus insidieuse parce que plus ignorée, de la destruction des maisons, des propriétés, des arbres, des moyens de production, ce qui relègue toute une population dans la misère. Bien des Israéliens pensent, avec raison, que ce sont les blindés et les missiles « made in Israel » qui fabriquent des kamikazes. Réinventer le dialogue, estiment-ils, est non seulement une urgence politique mais un impératif moral car sans cela, les victimes devenus bourreaux dévoreront leur propre société.

Le confort et l'indifférence

Au-delà des affrontements directs qui passent parfois sur nos écrans, il y a un autre trou noir. Depuis longtemps, le monde sait ce qui se passe en Palestine et en Israel. Le drame ne date pas d'hier, il est décortiqué, analysé, retourné dans tous ses sens et de façon générale, il y a un grand consensus sur ce qui pourrait être une solution, un accommodement, un compromis acceptable. Les Palestiniens, et maintenant la grande majorité des États arabes, sont prêts à coexister avec Israel, s'ils obtiennent leur État sur les territoires occupés depuis 1967, et qui constituent moins de 30 % de la Palestine historique. Ceci, il va sans dire, doit s'accompagner du démantèlement des colonies de peuplement, illégales selon la loi internationale. Cette normalisation pourrait se faire, en dépit des oppositions, des extrémismes (des deux côtés), des haines accumulées. Cela ne serait pas parfait, mais constituerait un premier pas. Mais pour ce faire, il faut que les gros joueurs externes, soient de la partie. Or ceux-ci, pour des raisons diverses, ne veulent pas en être. Les États-Unis manipulent le conflit pour maintenir la région en état d'alerte. L'Union européenne, comme dans beaucoup de situations semblables, n'est pas prête à mettre ses culottes. On pleure, on chiale, on passe des résolutions à l'ONU (la plupart du temps sans effet), mais la dite communauté internationale ne veut pas assumer sa part de responsabilités et placer les joueurs locaux, qui ne sont pas marionnettes certes, au pied du mur, comme on l'avait fait (avec beaucoup de retard) dans le cas de l'apartheid en Afrique du Sud. Au bout de la ligne dans le même camp de réfugié à Gaza, le jeune désespéré qui écoute aussi CNN conclut que le seul moyen de briser ce mur du silence est de faire tout sauter.

Don Quichotte court encore

Mustapha Barghouti, un des leaders du mouvement populaire palestinien, est un de ceux qui s'entêtent, qui résistent, qui condamnent la violence y compris du côté palestinien, qui continuent le dialogue avec des interlocuteurs pacifistes israéliens, comme Michel Warshavsky notamment. Dans les milieux bien pensants israéliens et palestiniens, on rit d'eux, on les dénigre et parfois même, on les menace et on les frappe. Ces Don

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Qui combat la violence au Moyen-Orient ? Quichotte sont-ils des centaines ou sont-ils des milliers ? C'est difficile à dire. La plupart des médias, à l'exception de la chaîne Al-Jazira, les ignorent. Comme d'autres avant eux, ils se battent pour les droits des plus faibles, ce qui veut dire pour les Palestiniens, sans jamais compromiser sur la nécessité de coexistence pacifique avec un État qui, on oublie souvent de le dire, compte plus de 20 % de citoyens arabes palestiniens. Dans les jeunes générations, il n'y a pas seulement des désespérés. À Beit Sahour, une petite communauté durement affectée par l'armée israélienne ces derniers temps, de jeunes Palestiniens continuent de prendre d'énormes risques en maintenant des liens avec des jeunes de l'autre côté qui, il n'y a pas si longtemps avant l'enfermement de la ville, venaient passer le week-end dans les familles. C'est là que se fait la vraie bataille contre la violence et le terrorisme.

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