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Le chemin de l'enfer péruvien est pavé de bonnes intentions Extrait du Le Journal des Alternatives http://journal.alternatives.ca/spip.php?article67

Le chemin de l'enfer péruvien est pavé de bonnes intentions - Journal des Alternatives - Journal des Alternatives - 2002 - Volume 09 - No. 04 -

Date de mise en ligne : lundi 2 décembre 2002

Description :

Après une ascension fulgurante vers le pouvoir, le président Alejandro Toledo risque de ne pas pouvoir mener son mandat à terme, sa politique étant minée par le mécontentement généralisé du peuple péruvien. Comme en témoignent les résultats des élections régionales de mi-novembre, la popularité de Toledo s'effrite tandis que la baisse soutenue de l'appui national envers sa gestion ternit son mandat d'une « illégitimité démocratique ».

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Le chemin de l'enfer péruvien est pavé de bonnes intentions

Après une ascension fulgurante vers le pouvoir, le président Alejandro Toledo risque de ne pas pouvoir mener son mandat à terme, sa politique étant minée par le mécontentement généralisé du peuple péruvien. Comme en témoignent les résultats des élections régionales de mi-novembre, la popularité de Toledo s'effrite tandis que la baisse soutenue de l'appui national envers sa gestion ternit son mandat d'une « illégitimité démocratique ».

Toledo, un économiste de 55 ans aux traits profondément autochtones, est arrivé au plus haut échelon du pouvoir politique péruvien après quatre tentatives infructueuses. Sa persévérance est en partie responsable de son succès politique, mais c'est avant tout l'appui des masses défavorisées péruviennes qui lui a permis d'accéder à la présidence de cette nation andine de 26 millions d'habitants.

Son histoire a inspiré des millions d'autochtones péruviens qui doivent faire face au racisme, héritage du passé colonial. Toledo, qui a connu une enfance difficile en travaillant notamment comme cireur de chaussures, détient aujourd'hui un doctorat en économie de l'Université de Stanford aux États-Unis, en plus d'avoir été conseiller à la Banque mondiale.

Fort de l'appui de son peuple, Toledo a livré une panoplie de promesses électorales à la veille des élections péruviennes de l'année 2000, en plus de s'attaquer au régime quasi dictatorial du président alors en place, Alberto Fujimori. Victime d'une évidente fraude électorale de la part du régime, Toledo ne s'est pas présenté au deuxième tour électoral la même année. Fujimori est devenu le seul candidat et fut ainsi « réélu ». Il a vu cependant son gouvernement s'écrouler quelques mois plus tard en raison de la corruption flagrante au sein de son régime. Un gouvernement de transition fut mis en place et les élections convoquées pour l'année 2001 furent remportées au deuxième tour par Toledo, devant l'ex-président Alan Garcia (1985-1990).

Effritement de l'appui populaire

Depuis le début de son mandat, Toledo voit ses appuis s'effriter dans la population péruvienne. Ainsi, les plus récents sondages lui accordent environ 25 % de l'appui national quant à sa façon de diriger le pays sur le plan économique et social.

Toledo, qui prônait un « capitalisme à visage humain », avait séduit tant la population par ses promesses sociales que le secteur privé par sa vision libérale de l'économie. Aujourd'hui, ces deux secteurs lui reprochent son manque de vision économique, ses contradictions politiques, ses engagements non satisfaits et la stagnation de l'économie péruvienne, en récession depuis 1996.

Or, Toledo a tout fait pour contredire les attentes de la république.

Malgré la chute de sa popularité, Toledo refuse de s'engager dans des dépenses populistes qui augmenteraient le déficit fiscal. Or, le « capitalisme à visage humain » ne se réalise pas toujours de façon philanthropique comme l'avait conçu à l'origine le gouvernement actuel. D'abord opposé aux privatisations du secteur de l'énergie électrique dans le sud du Pérou, le régime opta finalement pour la vente de ce secteur qui, paradoxalement, générait des profits pour l'État péruvien.

Il a fallu un soulèvement dans la ville d'Arequipa pour faire reculer le gouvernement dans sa démarche de

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Le chemin de l'enfer péruvien est pavé de bonnes intentions privatisation, pour obtenir des excuses concernant l'occupation policière et militaire de cette ville et pour repenser sa stratégie économique vis-à-vis des régions. Depuis, chacune des provinces du Pérou s'est soulevée à tour de rôle. Ce mécontentement s'est consolidé par les résultats des dernières élections régionales, qui envoient un message clair au président.

Lors de ce scrutin, qui s'est déroulé le 17 novembre, le parti politique du président Toledo, Peru Posible, s'est vu littéralement rayé de la carte politique péruvienne en n'obtenant qu'une seule des présidences régionales parmi les 25 en liste. Le parti politique de Toledo n'a récolté qu'un maigre 13,3 % du total des votes lors du suffrage national.

Cependant, sur papier, la situation ne paraît pas si sombre qu'elle ne l'est à première vue. L'inflation est presque inexistante (0,5 % en septembre), la dévaluation vis-à-vis du dollar reste relativement stable, la collecte tributaire a augmenté de 12,3 % ainsi que les réserves en devises.

L'avenir

Loin de ressembler à la situation politique du Venezuela, le contexte social au Pérou évolue au rythme des gains et des échecs de la politique libérale du parti au pouvoir. Les résultats des élections régionales peuvent, dans une certaine mesure, être considérés comme un référendum sur la gestion politico-économique de Toledo. Des résultats concrets en matière de réduction de la pauvreté et la création d'emploi devront bientôt se réaliser, sinon le gouvernement n'aura guère d'autre choix que de réorienter sa politique économique. Car, le peuple péruvien ne se contentera certainement pas d'engagements électoraux et pourrait, comme par le passé, mettre en échec le gouvernement actuel.

Olik Valera, collaboration spéciale

L'auteur est agent de communication pour les programmes jeunesse d'Alternatives.

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